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Voir des Choses Bouger

2014 - / played

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Benoît Verjat en collaboration avec Nicolas Couturier & Julien Gargot. Avec la participation de Didier Bouchon, Sophie Fougeray, Mario Simon, Giuseppe Chico, Éric Yvelin, Angeline Ostinelli, Bachir Soussi-Chiadmi, Caroline Martins et Cyril Makhoul.

Modification d’une situation par l’action d’objets animés,
pour l’observation de leurs comportements.

Dans Voir des Choses Bouger, il est possible de voir des vers, aussi bien que des saucisses articulées ou des bijoux automates. Le point de départ est pourtant beaucoup moins figuratif. On pose un contexte, puis on lance l'expérience. On observe le comportement de ces choses à peine articulées. C'est une expérience de recherche hors du laboratoire, déplacée sur une scène, ouverte aux interprétations. On observe le comportement de ces choses à peine articulées. C'est une expérience de recherche hors du laboratoire, déplacée sur une scène, ouverte aux interprétations.
Le mouvement propre de ces objets est insuffisant pour leur déplacement mais par leur surface hermaphrodite, ils ont une faculté d'interaction et de réaction à leur contexte, la scène, le public. Les choses animées deviennent des improvisateurs en constante interaction avec la situation.
Le comportement de base est donc stupide. Il ne signifie rien en soi. Il est ontologiquement neutre. Seule l’activation, la performance dans un temps et un environnement donné permettra d’en dégager sa poésie.

En 1881, six mois avant sa mort, Charles Darwin rédige un petit ouvrage sur le ver de terre, The Formation of Vegetable Mould, through the Actions of Worms, With Observations on their Habits. Développant des protocoles d’expérimentation très simples — des airs de piano joués par sa femme, de légers tremblements de terrain provoqués par le jeu des enfants dans le jardin — il y décrit le rôle des vers, créatures faiblement organisées (« lowly organised »), dans la formation et la modification des paysages, leur œuvre d’oxygénation des sols et ainsi leur influence sur l’agriculture toute entière. En 2011, David Darlymple, petit génie entré au MIT à l’âge de 14 ans, entame un projet de reconstruction numérique complète du ver nématode Caenorhabditis elegans, un ver rond, principalement hermaphrodite, quasi-transparent, composé d’à peine un millier de cellules. Intitulé OpenWorm, le projet poursuit les modélisations
et autres tentatives de reconstruction du vivant entamées dans les années 80. La modélisation du système neuronal, des mouvements et des forces physiques du ver lui-même, mais également des influences de son environnement devra permettre à terme la simulation de systèmes biologiques plus complexes, jusqu’au cerveau humain.

Il y a 2773 plans formés de 135 choses inertes, 6 choses animées et un sol. Les choses inertes forment une grille sur le sol, au milieu de laquelle les choses animées attendent le signal pour démarrer. Un moteur placé à la jonction de leurs deux bras hexagonaux va les mettre en mouvement. Toutes les choses sont recouvertes de surfaces agrippantes, mâles et femelles, velours et de crochet. Les choses sont hermaphrodites et s’accrochent par contact. Pilotés par un signal radio commun, les moteurs sont parfaitement synchrones. On lance l'expérience et on attend le spectacle d’un balai mécanique bien répété. Mais très vite les mouvements se désynchronisent par la réaction à l'environnement. Les choses s'amalgament et après quelques minutes, seule la rythmique sonore des moteurs fait entendre la synchronie pourtant troublée par les comportements observés.

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